CTAQ : un coup de pouce pour stimuler le marché des protéines végétales
Ayant à cœur l’environnement, le bien-être animal et leur santé, les Québécoises et Québécois se préoccupent de plus en plus de ce qu’ils mettent dans leur assiette, en plus de consommer davantage d’aliments à base de plantes. Les adeptes de tofu et de lentilles demeurent toutefois largement minoritaires. Le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ), qui a créé un comité sur la question, souhaite favoriser la croissance de ce marché encore immature et outiller les transformateurs de protéines végétales afin de les aider à développer et à commercialiser leurs produits.
Après Beyond Meat : une pente à remonter
La consommation de protéines végétales est en essor au Québec, mais cette tendance n’est pas comparable à la frénésie observée lors de l’arrivée, il y a quelques années, des substituts de viande comme ceux de l’entreprise américaine Beyond Meat. «On parle du “moment Beyond Meat” dans le marché de la protéine végétale. Il y a eu un effet de mode spectaculaire. La catégorie “protéines végétales”, qui représentait 3 % du marché, est soudainement montée à 10-15 % pendant une courte période», indique Annick Van Campenhout, vice-présidente progrès en alimentation et développement durable au CTAQ. Les vertus santé de ces aliments préparés ont par la suite été remises en question, ce qui a fait chuter leur popularité (pour s’établir à 5 %). Depuis, la remontée est lente et timide, mais constante. On cherche maintenant à intéresser le segment flexitarien du marché, pour augmenter la part de l’assiette hebdomadaire avec des aliments à base de plantes : un ou deux repas de plus par semaine.
Adopter une nouvelle terminologie
Le CTAQ a formé un comité sur les protéines végétales à la demande des membres qui souhaitaient mieux se positionner et se développer. Une analyse a d’abord confirmé le besoin d’une nomenclature commune et simple. L’appellation «aliments à base de plantes» vient donc remplacer le terme «protéines végétales» utilisé jusqu’ici. «Personne ne se rend à l’épicerie en se disant qu’il va acheter des protéines!» avance Annick Van Campenhout, aussi responsable du comité sur les protéines végétales au CTAQ. «On pense que l’appellation “aliments à base de plantes”, qui se rapproche du terme anglais “plant-based”, peut entrer dans le discours.» Un projet de nomenclature réservée est en cours.
Une campagne promotionnelle de 30 jours
À la fin de janvier, le CTAQ a lancé une première campagne promotionnelle à l’échelle du Québec en collaboration avec la bannière Metro. L’objectif est de mieux faire connaître les aliments à base de plantes. Au programme pendant 30 jours : des réductions ciblées, des promotions et des activités-découvertes. Dans une dizaine de magasins, la clientèle est invitée à déguster des produits à base de caméline, des galettes de houmous, des desserts végé, etc. «Les protéines végétales sont encore méconnues du grand public. On leur accole à tort une image “granola” qu’il faut défaire. C’est pourquoi on propose des dégustations de produits savoureux, des recettes simples et des façons d’apprêter des aliments qui ne sont pas des prêts-à-manger», explique Annick Van Campenhout. D’autres initiatives verront le jour pour éduquer la population, souligne-t-elle.
Revoir le positionnement sur les tablettes
Le positionnement en épicerie, qui alimente constamment la réflexion, reste un défi de taille pour les transformateurs. «La bannière Metro fait le pari de changer l’organisation de ses présentoirs : les substituts de viande végétale sont à proximité du steak et des cuisses de poulet; les substituts de poisson, à côté du saumon. C’est une initiative intéressante et on se colle à Metro parce qu’on y croit.» La personne flexitarienne qui hésite devant le comptoir pourrait ainsi se laisser tenter par l’option végétale. En parallèle, les transformateurs travaillent à réduire la liste d’ingrédients de leurs produits, pour répondre aux attentes de la clientèle.
Faciliter l’approvisionnement local
Les protéines végétales qui poussent en sol québécois, comme le soya, le haricot et le pois, sont parfois hors de prix ou en rupture de stock. «Les producteurs de tofu biologique doivent parfois s’approvisionner aux États-Unis, parce que le soya est d’abord vendu pour la consommation animale», souligne Annick Van Campenhout. Les petites productions, comme le quinoa, sont par ailleurs insuffisantes. Et quand la météo s’en mêle et que les cultures écopent, la situation peut devenir catastrophique. Le CTAQ travaille sur un projet pilote avec Concertation grains Québec pour développer la production de haricot et de quinoa. Les producteurs sont aussi invités à planter davantage de soya pour consommation humaine afin de faciliter l’approvisionnement.
Aller de l’avant
Les défis sont nombreux dans un secteur aussi fragile que prometteur. Les transformateurs de protéines végétales veulent innover (et se retrousser les manches) pour tirer leur épingle du jeu dans un marché en plein essor. «Le CTAQ est présent pour les soutenir dans leurs démarches», assure Annick Van Campenhout.