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Si la cinquième rencontre annuelle des partenaires de la Politique bioalimentaire, qui s’est déroulée le jeudi 30 mai à Drummondville, a pu rassembler les différents secteurs de l’industrie autour de la thématique « Mettre la table pour l’avenir », l’événement a aussi été le théâtre de nombreux échanges autour des ambitions gouvernementales et des réalités de terrain des producteurs et transformateurs. Agro Québec revient sur les différents éléments de cette journée fondamentale à l’établissement d’une politique bioalimentaire forte et pérenne.
Composer une politique performante autour d’enjeux clivants
En mettant de l’avant l’atteinte et la progression des cibles fixées, les chercheurs de l’Université Laval Marie-Ève Gaboury-Bonhomme et Maurice Doyon soulignaient une nécessaire corroboration des piliers économique, environnemental et social pour une gouvernance à triple performance au sein de l’industrie. Bien que l’évolution des cibles semble dessiner un lendemain optimiste pour le secteur bioalimentaire, la présentation des résultats s’est trouvée ternie par les réalités de terrain rencontrées par les producteurs. De l’absence de relève aux enjeux de main d’œuvre, en passant par les difficultés financières et administratives, le clivage reste marqué entre les objectifs fixés par la politique et les besoins des producteurs. En ce sens, on note que la bonification de l’aide financière aux agriculteurs proposée par le gouvernement le 3 juin dernier vient appuyer des revendications bien présentes au sein de l’industrie, et s’inscrit comme une retombée directe de cette journée de rencontre.
Une autre perspective, celle des consommateurs, était au cœur des enjeux soulevés lors de la rencontre. Là où l’on observait un clivage au sein des acteurs de l’industrie, les données Nielsen IQ présentées par Francis Parisien démontraient la difficulté du consommateur moyen de faire concilier un acte d’achat priorisant ses intérêts financiers avec sa conscience citoyenne, à l’écoute de ses valeurs et engagements. Un enjeu alarmant qui va à l’encontre du développement d’habitudes de consommation locales et responsables, qui permettraient aux entreprises du Québec de se démarquer positivement dans les paniers d’épicerie. Au-delà de renforcer la présence des produits d’ici sur les tablettes, la priorité doit encore être de convertir cette présence en choix de consommation.
Une lourdeur administrative contraignante
Parmi les éléments annoncés comme une priorité par le Premier Ministre François Legault lundi dernier, la lourdeur des règlementations et de la documentation en est une que les producteurs se sont entendus à qualifier comme un frein majeur au développement du secteur bioalimentaire. Cette 5e journée de rencontre a permis d’ouvrir des pistes de discussions autour d’un allègement règlementaire : « Nous manquons de main d’œuvre, et les règlementations autour des limitations de travail journalier et de l’apprentissage du français pour des travailleurs étrangers temporaires, qui ne demandent qu’à travailler pour subvenir aux besoins de leurs familles, sont particulièrement contraignantes », soulignait un producteur présent ; « inverser le fonctionnement de ce type de documentation pour aller vers la mise en place de forfaits d’heures hebdomadaires, avec l’option de les revoir à la baisse au besoin, serait une option plus alignée avec les besoin des travailleurs comme ceux des producteurs » poursuivait-il. Au-delà de la main d’œuvre, l’allègement administratif profiterait également grandement à la relève, pour qui l’enjeu représente une part importante des freins à la succession de l’entreprise familiale. En réponse, Mr Legault promet « 14 mesures à court terme sur lesquelles [le gouvernement] va travailler pour réduire la paperasse et la bureaucratie. »
Une industrie unie et collaborative
Bien que de nombreux enjeux aient été soulevés à l’occasion de cette rencontre, l’événement a également permis de souligner la capacité collaborative d’une industrie qui se veut résiliente. Une collaboration que l’on doit retrouver à la fois entre les différents ministères et au cœur même de l’industrie bioalimentaire. Si le sous-ministre adjoint au ministère de la Santé et des Services sociaux, Dr Arruda a insisté sur l’importance plus que jamais d’une synergie entre la santé et le secteur bioalimentaire, on constate au cours des dernières années la mise en place d’initiatives transversales encourageantes, telles qu’Amélioration alimentaire Québec, qui regroupe un ensemble de partie prenantes de l’industrie et œuvre à l’atteinte de la cible d’amélioration de la valeur nutritive des aliments transformés au Québec.
L’idée d’une santé unique, sur laquelle repose l’ensemble du développement durable de la société québécoise, passe aussi par la nécessité de développer une production agricole résiliente face aux changements climatiques. « Se fixer des objectifs communs et développer des partenariats durables en stimulant la recherche, la numérisation et la formation ne peut que développer l’agilité économique du secteur » rappelait l’économiste Pascal Thériault.
Une industrie moderne, attrayante pour la relève
Bien entendu, la notion de technologie était tout autant au cœur des intentions de discussions de la journée organisée par le MAPAQ. Que ce soit comme une solution aux enjeux de main d’œuvre, en réponse aux changements climatiques ou même en amélioration à la productivité des entreprises, l’introduction de nouvelles technologies semble occuper une part majeure des projets d’avenir de l’industrie. Pascal Theriault professeur économiste à l’Université McGill, Alain Bourque, directeur général d’Ouranos et Nathalie de Marcellis-Warin, chercheuse au Cirano, ont en ce sens rappelé l’importance d’une collaboration transversale et du partage de connaissances dans l’atteinte des objectifs de développement technologique et de compétitivité économique de l’industrie agroalimentaire au Québec.
C’est avec la diversité de sujets abordés que s’impose alors la question sous-jacente de la place de la relève dans une industrie en transition. Là où la première partie de la rencontre rappelait les objectifs de la politique bioalimentaire tout en faisant acte des réalités de terrain, la seconde moitié de la journée a permis de concentrer les discussions autour des perspectives de l’industrie à une ère où les investissements en matière de gestion des données, d’automatisation et de numérisation, mais également de formation feront toute la différence pour l’avenir du secteur bioalimentaire. Avec 80% d’entreprises agricoles sans relève, il est primordial de replacer les futures générations au cœur des réflexions pour assurer la survie d’un secteur essentiel à l’activité économique du Québec.
Des perspectives prometteuses
La 5e journée de rencontre des partenaires de la Politique bioalimentaire aura permis de dresser le portrait d’une industrie collaborative, ouverte aux évolutions et tournée vers les défis qui l’attendent. En se prêtant à l’exercice de « Mettre la table pour l’avenir » les différentes organisations et entreprises présentes ont su soulever des enjeux pertinents tout en soulignant les avancées réalisées et la progression des cibles fixées, prouvant toute la pertinence de ces temps d’échanges. Agro Québec vous donne rendez-vous en 2025 pour la prochaine rencontre des partenaires!
Source : Agro Québec, MAPAQ