Le développement agtech au service d’une autonomie alimentaire moderne et durable
Article diffusé également dans la prochaine édition du magazine Radar de l’association des détaillants en alimentation du Québec.
Si les dernières crises ont pu mettre en difficulté l’économie mondiale, elles ont également mis de l’avant la nécessité d’une autonomie alimentaire plus soutenue pour les pays. Territoire agricole par excellence, le Québec ne manque pas à cette tendance, avec plusieurs projets gouvernementaux tels que la Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois (SNAAQ) pour encourager une transition vers plus de production locale. Du coté des consommateurs, l’approvisionnement local gagne du terrain dans les critères d’achat en épicerie, se plaçant devant la certification biologique et autres exigences environnementales. En 2022, 82% d’entre eux disent fournir un effort pour manger plus d’aliments québécois, et plus de 70% disent faire confiance aux certifications de traçabilité (appellations réservées, aliments du Québec, provenance, etc.)
Agtechs, automatisation des processus ou culture en serre, les producteurs et transformateurs alimentaires conscients de ces nouvelles exigences se tournent vers des solutions de modernisation des infrastructures pour s’adapter à la demande croissante de produits d’ici.
Produire au Québec : comment l’automatisation répond aux besoins des consommateurs
Si le Québec est autosuffisant pour la majorité de la production et transformation de produits d’origine animale, il reste une marge d’évolution pour les cultures, dont les produits sont encore en grande partie importés. Par la nature du climat québécois, la culture en serre représente en ce sens une opportunité majeure de développer la capacité de production agricole et combler ce manque. Des grands espaces en milieu ruraux à l’installation de fermes urbaines en ville ou encore de projets de culture verticale en bâtiments fermés, le Québec se positionne en bonne voie pour atteindre son objectif de doubler le volume de culture en serre entre 2020 et 2025.
Soutenir des projets d’agriculture en serre en distribuant ces produits permet aussi d’encourager les entreprises à innover, que ce soit pour relever les défis d’espace de la culture en milieu urbain, ou de gestion de l’énergie dans les serres traditionnelles. Que ce soit pour produire des aliments à moindre coût énergétique ou pour développer l’adoption de circuits courts, la culture en serre rejoint des valeurs de plus en plus importantes pour les consommateurs québécois qui se montrent d’autant plus sensibles à leur alimentation.
Au-delà des avancées pour ces méthodes de culture innovantes, la modernisation du milieu agroalimentaire repose également dans le développement de solutions automatisées, que ce soit pour l’agriculture ou la transformation, où automatiser les tâches de fond laisse la possibilité et le temps aux travailleurs de se focaliser sur des tâches à valeur ajoutée. C’est de même une façon de s’affranchir des problèmes liés au manque de main d’œuvre, un phénomène qui touche particulièrement l’industrie, qui aurait besoin de combler 5 600 postes en transformation d’ici 2025 pour atteindre les objectifs de croissance du gouvernement.
Valoriser le terroir québécois en soulignant la production locale en épicerie
Bien des marqueurs visuels existent pour promouvoir le local, notamment le logo d’Aliments du Québec, apprécié et reconnu par plus de 80% des consommateurs en 2022. Au cœur de l’attachement des québécois pour la production locale, on retrouve évidemment une prise de conscience des enjeux environnementaux liés à l’agriculture, mais également une reconnaissance du travail des acteurs du secteur agroalimentaire, avec plus de 70% des consommateurs qui estiment qu’il s’agit d’une industrie qui contribue très favorablement à l’économie du Québec et à la création d’emplois.
C’est dans cet esprit que l’identité « Quanard élevé et transformé au Québec », visant à mettre de l’avant les produits des membres de l’Association des éleveurs de canards et d’oies du Québec a été élaborée, permettant de sensibiliser le public sur la provenance des produits de canard tout en lui faisant découvrir le savoir-faire québécois en matière d’élevage et de transformation. Appuyée par Aliments du Québec, la campagne rencontre un franc succès médiatique depuis son lancement.
Au-delà de la provenance des aliments, les consommateurs sont donc particulièrement touchés par la dimension sociale et économique des produits locaux. En ce sens, le travail d’encadrement du Conseil des appellations réservées et des termes valorisants permet de reconnaitre légalement les distinctions qualitatives du savoir-faire des producteurs et transformateurs du Québec. Grace à un cahier des charges strict soumis à une certification externe accréditée, le CARTV permet de protéger la spécificité de certains produits d’ici et représente une véritable plus-value qualitative. En répondant à des critères d’indépendance, d’impartialité, de confidentialité, de compétence, tout en se conformant à des exigences internationales reconnues, cette certification garantit au consommateur la traçabilité et le respect du savoir-faire d’un produit d’appellation.
Si les producteurs et transformateurs du Québec continuent leurs avancées en matière de production locale, la distribution tient également un rôle à jouer dans l’adoption d’une consommation plus locale au profit de l’autonomie alimentaire. Car si manger local est encore souvent associé à un coût conséquent, le rapport préparé par le Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie paru en 2022, démontre que les denrées alimentaires en provenance du Québec sont autant, voire moins coûteuses, que celles importées dans 70% des cas.
Véritables vitrines pour les consommateurs, les détaillants fixent les tendances de marché et jouent un rôle essentiel dans la promotion des produits fabriqués ou transformés localement, et ont donc tout intérêt à favoriser la production locale sur les tablettes. Dans un contexte où le présumé moindre coût des produits d’importation n’est pas représentatif de la réalité et où les attentes des consommateurs se tournent de plus en plus vers le local, faire transition vers une distribution alimentaire québécoise s’inscrit comme une évidence.