Hydromels : un levier pour la conservation de la biodiversité
Alors que l’apiculture au Québec enregistre en 2022 une perte hivernale record de 60% de ses colonies d’abeilles, les producteurs de miel et d’hydromels sont à la recherche de solutions pour maintenir une activité florissante tout en assurant la survie d’une espèce particulièrement menacée.
Le changement climatique comme principal responsable
Avec les informations fournies par les différents rapports du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations unies (GIEC), les effets concrets du changement climatique sont aujourd’hui connus et mesurables. Parmi eux, l’un des plus alarmants pour la biodiversité est la disparition progressive des polinisateurs, et notamment des abeilles. Enregistrant des températures record de 52 degrés Celsius en 2021, le Canada n’est pas épargné par ces effets. Au Québec, les conditions climatiques extrêmement chaudes de l’année dernière ont favorisé la prolifération du varroa, un acarien qui parasite le couvain des abeilles. Venu d’Asie, le varroa destructeur trouve désormais dans la province les conditions idéales à sa survie, et participe donc à cet accroissement rapide de la disparition des abeilles. En cause également, l’usage des pesticides qui ont des effets de toxicité chronique, sublétaux, avec des troubles qui entraînent la mort à terme, et des effets cumulatifs des substances dans l’organisme des insectes.
L’hydromel pour stimuler la sauvegarde des abeilles et la consommation locale
Afin de pérenniser la production de miel au Québec, l’Association des producteurs d’hydromels et d’alcools de miel du Québec (APHAMQ), ses membres et ses partenaires travaillent à l’élaboration d’une stratégie de valorisation du rôle des producteurs de miel et d’hydromels dans la conservation des abeilles : « L’activité de l’APHAMQ repose exclusivement sur la présence pérenne des abeilles au Québec. Sans miel québécois issu de leurs productions, les producteurs perdent la possibilité de faire de l’hydromel ou d’autres produits à valeur ajoutée » explique Philippe St-Jean, vice-président chez Agro Québec, qui accompagne les clients dans leur développement d’affaires. « Le positionnement sur lequel l’association travaille repose sur l’idée d’un cercle vertueux où la consommation de produits à base de miel encourage la protection des abeilles, qui créent le miel nécessaire aux produits. » poursuit-il.
En effet, soutenir ce secteur de l’industrie peut permettre aux apiculteurs d’investir dans le remplacement des ruches perdues durant l’hiver et dans la recherche et le développement de solutions contre le varroa, et d’ainsi participer activement à la préservation de l’espèce polinisatrice. Il s’agit également d’une industrie profitable en termes de durabilité : « Les membres de l’APHAMQ proposent depuis très longtemps des produits recueillis et élaborés dans un contexte de pratiques agricoles responsables qui vont de concert avec les valeurs prônées par une agriculture plus douce et durable, et qui correspondent également aux attentes des consommateurs qui se font plus sensibles aux questions environnementales » précise Vincent Lambert, secrétaire général de l’APHAMQ.
Un effet domino
Grandes polinisatrices, les abeilles participent non seulement à la production de miel, mais également à celle d’un tier des petits fruits au Québec. Alors que la fraise est le produit local préféré des québécois, il s’agit d’un fruit dont la production naturelle est menacée avec la disparition des abeilles, au même titre que les bleuets, mûres, et autres camerises par exemple. En investissant dans le secteur des hydromels et alcools de miel, et en favorisant ainsi la préservation des abeilles, ce sont toutes les cultures en champs et vergers qui finissent par bénéficier des retombées.
Étant issue d’une industrie naissante, l’APHAMQ bénéficie de l’occasion d’unifier le discours des producteurs à travers une stratégie de communication à l’image des pratiques douces de l’industrie, et pourquoi pas instaurer des initiatives plus concrètes pour la protection des abeilles au Québec : « La communication et le marketing doivent s’aligner avec les actions entreprises par les producteurs. Dans le cas des hydromels et alcools de miel, on touche à un sujet très actuel, qui nous permet de valoriser les pratiques de l’industrie et mettre l’accent sur un savoir-faire unique et respectueux de la biodiversité, plutôt que de s’emparer de l’actualité pour faire le buzz » explique Philippe St-Jean. « L’objectif est de mettre en œuvre des stratégies impactantes, profitables à l’industrie mais aussi à l’écosystème qui l’alimente. On peut imaginer des journées officielles, le développement d’un agrotourisme qui encourage les consommateurs à agir pour les abeilles, etc » ajoute-t-il.
Investir dans une production locale, respectueuse de son écosystème et durable reste un moyen fiable et efficace de participer à la transition de l’industrie agroalimentaire vers des pratiques écoresponsables.
Sources : Agro Québec, Agriculture Canada, CTAQ, Statistiques Québec
Merci pour cet article !
Je suis consternée par les pertes importantes de colonies d’abeilles enregistrées au Québec comme en France ces dernières années. Les changements climatiques et l’utilisation excessive de pesticides sont des problèmes réels qui menacent l’avenir de notre industrie mais aussi de notre environnement.
J’espère donc que la production d’hydromel peut être l’un des leviers pour la conservation de la biodiversité. L’APHAMQ a raison de mettre en avant le lien entre la consommation de produits à base de miel et la protection des abeilles. En soutenant les producteurs de miel et d’hydromel, nous pouvons aider à assurer la survie des abeilles et à maintenir une industrie florissante. Je vais continuer à explorer les possibilités de production d’hydromel dans notre exploitation.