L’automatisation agroalimentaire au service de l’économie durable
Autonomie alimentaire, possibilités d’exportations ou encore solution de main-d’œuvre, l’automatisation de l’industrie agroalimentaire se dessine comme une réponse à de nombreux enjeux sectoriels. De la production agricole à la transformation alimentaire, les besoins de modernisation technologique du milieu agro représentent aussi un terrain d’étude essentiel pour la compétitivité des entreprises de nouvelles technologies.
Des solutions de production soucieuses des enjeux d’aujourd’hui pour créer l’agriculture de demain
La production agricole vient désormais avec de grands enjeux météorologiques et énergétiques. Les changements climatiques engendrent un environnement incertain qui se trouve être un paramètre essentiel à la transformation de l’agriculture. Aujourd’hui, limiter l’usage de l’eau et des énergies fossiles tout en assurant les seuils de récolte devient une priorité à laquelle les nouvelles technologies doivent répondre. Des efforts doivent porter également sur l’optimisation de la gestion des matières fertilisantes azotées et sur l’amélioration des stocks de carbone et de la santé des sols.
À cet égard, l’entreprise québécoise LogiAg, partenaire d’Ino, chef de file canadien en matière d’innovation optique-photonique, a travaillé sur le développement d’une technologie permettant l’analyse de la composition des sols. Obtenu par laser, le détail des composantes du sol permet d’y ajuster les engrais et obtenir le pairage le plus efficace pour développer les cultures tout en limitant au maximum l’écoulement de nitrites dans l’eau.
La Zone Agtech, en grande partie animée par la problématique environnementale soutient de nombreux projets en ce sens : « Beaucoup de nos entreprises partenaires travaillent à la réduction de l’impact environnemental de la production agricole, que ce soit en matière de biotechnologies, biofertilisants ou technologies compostables » explique Marilou Cyr, directrice générale de la Zone Agtech. Larvatria en est un exemple parlant. Membre de la Zone Agtech, cette entreprise québécoise enrichit et commercialise la biomasse négligée qu’est le fumier d’élevage, élimine des gaz à effet de serre agricoles et produit des protéines d’insectes antimicrobiennes. Tout ça, en élevant des larves de mouches domestiques.
Les producteurs agricoles québécois sont aussi de plus en plus nombreux à se tourner vers des solutions écologiques qui vont de pair avec l’autonomie alimentaire : « On a des entreprises comme Sollum ou LBM Agtech qui proposent des innovations technologiques, notamment pour le secteur de la culture en environnement contrôlé », ce qui permet à la fois de réduire le rejet de CO2 ainsi que la consommation d’eau à près de 90% de moins que l’agriculture conventionnelle.
En plus des préoccupations environnementales, les enjeux sociaux sont également au cœur de la modernisation agricole. À l’ère du bien-être au travail et de la santé mentale, la qualité de vie d’agriculteurs qui se font eux toujours plus rares, est devenue un argument crucial des innovations technologiques.
C’est guidées par ces problématiques sociales et humaines que certaines entreprises développent de nouvelles technologies, notamment en matière d’élevage, avec par exemple le développement d’étables automatisées et alimentées par énergie solaire, qui permettent d’alléger la charge physique du travail des agriculteurs, tout en garantissant la sécurité des animaux et la réduction des gaz à effet de serre.
La transformation alimentaire au cœur de l’automatisation
Là où les évolutions se font les plus pressantes, de plus en plus d’entreprises proposent des innovations qui s’adaptent parfaitement aux problématiques liées à la transformation de produits. Aujourd’hui, nombreuses sont celles qui créent leur branche agroalimentaire pour étendre leur domaine d’expertise. C’est le cas de Systemex Automation, spécialisée dans la robotisation manufacturière, qui a développé une série d’outils adaptés aux besoins de l’industrie agroalimentaire. Qu’ils soient standardisés ou sur-mesure, ils permettent de nombreux avantages autant en termes de rendements que de salubrité et sécurité.
En effet, en plus des besoins croissants en production agricole, les enjeux de salubrité et de sécurité prennent de l’ampleur. Entre 2015 et 2020, ce sont en moyenne 220 incidents de rappels qui ont été recensés, notamment pour raison d’allergènes non déclarés. Au-delà de la robotisation, ce sont donc des solutions hautement technologiques qu’il faut mettre en place pour éliminer les problèmes directement liés à l’étape de transformation d’un produit.
Patates Dolbec, leader québécois de la pomme de terre a fait le choix de s’associer à Noovelia, partenaire de la Zone Agtech, et à Vooban, membre de la Zone Agtech, pour contrôler la qualité de ses pommes de terre par intelligence artificielle. Intégrer la haute technologie aux processus de transformation permet aussi de donner plus d’importance aux compétences des employés : « Automatiser les tâches de fond laisse la possibilité et le temps aux travailleurs de se focaliser sur des tâches à valeur ajoutée » précise André Michaud, président chez Agro Québec. « C’est de même une façon de s’affranchir des problèmes liés au manque de main d’œuvre » un phénomène qui touche particulièrement cette industrie, qui aurait besoin de combler 5 600 postes en transformation d’ici 2025 pour atteindre ses objectifs de croissance et rester compétitive. Un besoin réel de modernisation pour soulager le secteur de manière durable.
Si le virage de l’automatisation se fait long au Québec, où seules 32% des entreprises agroalimentaires ont automatisé plus de la moitié de leurs systèmes, la modernisation des infrastructures gagne peu à peu du terrain, notamment grâce aux aides gouvernementales mises en place pour les entreprises. Et vous, allez-vous sauter le pas?
Sources : Agro Québec, FAO, Gouvernement du Canada, Inspection Canada, Zone Agtech.
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