Production laitière… que veut-on vraiment?

Production laitière… que veut-on vraiment?

Production laitière… que veut-on vraiment?

QUELQUES ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION

PAR LIONEL LEVAC

 

Il n’y a pas si longtemps on disait, à propos des producteurs laitiers, qu’ils étaient bien, qu’ils jouissaient d’une protection confortable avec la Gestion de l’Offre et que tous comptes faits, à travers toute la confrérie ils n’avaient pas à se plaindre.

Dans ce contexte, voyant ce ¨confort¨ des productrices et producteurs laitiers, certains en ont profité pour dire qu’ils n’étaient pas suffisamment mis au défi, que l’absence de concurrence les poussait à une certaine ¨paresse d’affaires¨ et qu’il leur faudrait probablement être chauffés par la concurrence pour innover davantage et devenir plus concurrentiels.

De la part des tenants d’un libéralisme tous azimuts, de l’ouverture globale et sans restrictions des marchés, de tels propos faisaient sourire. Mais peut-être y a-t-il un peu de vrai dans tout cela… Je dis bien un peu…

Même sous la Gestion de l’Offre, le secteur laitier a connu et connait toujours une disparition assez rapide du nombre de fermes. En fait on devrait dire de regroupement et de consolidation d’entreprises laitières par l’acquisition d’actifs ou de quotas. N’oublions pas que l’on produit aujourd’hui beaucoup plus de lait qu’il y a 10, 20 ou 30 ans, alors que le nombre de fermes était largement plus élevé. Donc on perd des fermes … on ne perd pas de production et celle-ci continue de se moderniser et d’intégrer des technologies de pointe.

On y a gagné en productivité mais, malheureusement, il faudra encore regrouper des fermes. Des centaines n’ont pas la capacité d’atteindre un seuil raisonnable d’efficacité et de rentabilité. Dur coup pour la ferme familiale…. Oui et non … selon ce que l’on conçoit comme étant une ferme familiale. Bien sûr je ne suis pas de ceux qui souhaitent absolument que l’on grossiste sans cesse la taille des entreprises, loin de là. Mais à l’évidence, il faut encore un peu de rationalisation. Espérons que celle-ci ne se fera pas au détriment des familles, bien sûr… mais également des villages et des régions.

Et c’est pour ça qu’il faut rapidement trouver, dans un plan d’ensemble, comment à la fois protéger des outils comme la Gestion de l’Offre, tout en organisant une vie économique plus large, plus diversifiée dans les régions. Je sais que dans le monde syndical agricole on n’aime absolument pas les références au Rapport Pronovost, sur l’Avenir de l’Agriculture et l’Agroalimentaire Québécois, mais à la relecture de ce document on pourra certes trouver une approche intéressante et dynamique faisant du Québec agricole et des régions un milieu plus riche, plus solide face aux menaces commerciales ou autres et un milieu de vie moins dépendant des villes… et des grandes villes.

Pensons-y …

Mais pour l’heure, c’est la crise…. Encore une crise…. Et on doit s’en sortir. On voit bien avec tout ce qui se passe, que l’on en est encore au plan politique, au Québec et au Canada, à faire de la gestion à la pièce de notre agriculture. L’absence de politiques agricoles se fait sentir dramatiquement dans de telles circonstances.

Il y a ¨politiques agricoles¨ et ¨volonté politique¨ …..   Si nous avions été guidés… et si nos politiciens avaient été guidés … par une politique agricole, une cadre agricole bien défini… peut-être (et très probablement) le Canada aurait-t-il quand même conclu des accords comme ceux avec l’Union Européenne et la Zone Asie Pacifique. Une politique agricole bien définie aurait établi les paramètres de tels accords et permis d’en évaluer avec précision les impacts.

Mais ici, le problème en est plus un de ¨volonté politique¨ parce qu’il apparait de plus en plus clair que ce ne sont pas les résultats, les conséquences de l’application future de ces traités qui posent le plus de tracas. Les difficultés des producteurs de lait en particulier viennent pour beaucoup du laisser-aller face à des pratiques illégales, des pratiques en contravention des règles entendues dans le système de Gestion de l’Offre. Comment, à répétition et même pourrait-on dire, sur une base d’affaires courante, des dizaines de milliers de tonnes de protéines laitières, modifiées, camouflées, déguisées… peuvent-elles entrer impunément au Canada. On ne comptabilise pas ces volumes importants dans les quotas ¨autorisés¨ d’importation. On ne pourrait pas le faire de toute façon parce qu’ils excèdent, de beaucoup, les volumes officiellement accordés.

Une POLITIQUE AGRICOLE digne de ce nom impliquerait la surveillance de ces entrées au pays.

A moins, bien sûr, que le jeu à la fois des milieux politiques et des entreprises de transformations soit tout bonnement de laisser aller les choses et d’amener le système à s’affaiblir de plus en plus.

Ces protéines laitières qui entrent au Canada… il y a des entreprises qui les achètent. Il y en a plusieurs et de très grosses…. S’agirait-il des mêmes entreprises qui se disent officiellement en faveur de la Gestion de l’Offre? Si tel est le cas… il n’y a pas qu’aux politiciens à qui on devrait demander des comptes!

Si on régule le commerce laitier, on devrait voir à appliquer les règles. Si on veut autre chose… qu’on le définisse clairement dans une politique agricole et que l’on change les règles!

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