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DÉBAT SUR LES PESTICIDES … WO…

 

On aura tout entendu ces derniers jours à propos des pesticides, de la pollution dont ils sont responsables et jusqu’à leur présence dans nos aliments.

Mon propos aujourd’hui n’est pas purement scientifique ni celui d’un spécialiste des chimies agricoles… mais je vais essayer d’être logique.

Ce dont faisaient surtout état les reportages de Radio-Canada était l’augmentation importante des volumes de pesticides utilisés en agriculture au Québec, ces dernières années. C’est un fait et force est de constater que de grandes, trop grandes quantités de ces pesticides se perdent dans l’environnement, polluant sols et cours d’eau et de ce fait affectant la faune, la flore… la biodiversité de façon générale. Et s’il est un élément important de la ¨biodiversité¨ c’est bien nous les humains. Plus notre environnement est pollué, parfois saturé de substances dangereuses, plus nous sommes affectés…. même sans le savoir, sans que l’on s’en rende compte.

Les observateurs de la scène agricoles constateront que l’on parle beaucoup moins d’environnement depuis quelques années. Des années 80 jusqu’à la fin de la dernière décennie on a beaucoup travaillé sur les élevages, le porc particulièrement. La pression de la société y a été pour beaucoup. Et je pense qu’il est heureux que bien des citoyens aient senti, au sens propre du terme, les fumiers et purins et qu’ils se soient plaints de ces odeurs. La question des odeurs est pour beaucoup dans la décision d’imposer de nouvelles règles à propos de la gestion des fumiers et purins.

Si on n’avait rien senti… s’il n’y avait pas eu les odeurs, la grogne n’aurait pas été aussi vive. Les mauvaises pratiques auraient continué… plus longtemps…. et leurs effets sur l’eau et l’environnement auraient encore accentué les problèmes, des problèmes plus discrets mais non moins dangereux.

Je parle de l’élevage et de ce qui y a été fait… On a obligé la construction de structures d’entreposage adéquates, étanches et de volumes suffisants, on a mis en place le système de calcul des volumes à épandre dans les champs en fonction de la nature des sols, du besoin de ceux-ci et des plantes que l’on y fait pousser. On a établi des seuils à ne pas dépasser. Le contrôle de tout ça est difficile et complexe mais il faut croire en la bonne foi des agriculteurs et de ceux qui les conseillent.

Aujourd’hui, les efforts prioritaires doivent, et c’est urgent, porter davantage sur les cultures.

Quand je dis que le contrôle est difficile, voyons la situation suivante : un agriculteur épand ses fumiers selon les règles et les calculs de besoins. Au moment de semer ou pendant la période de croissance on lui dit qu’il faut ajouter des fertilisants. Le moment d’application des produits est important. Il faut que les plantes puissent les capter. La captation n’est jamais à 100% mais si on ne fait pas les choses correctement c’est le sol et le cours d’eau voisin qui vont se régaler. On voit d’ailleurs fréquemment en début d’été des ruisseaux et rivières en milieu agricole se couvrir de ce que j’appellerais un ¨mucus¨ verdâtre, signe que le cours d’eau a trop de nourriture, qu’il étouffe.

En passant on voit des phénomènes semblables en milieu urbain. Les citadins et les entreprises qui entretiennent leurs terrains utilisent trop de produits chimiques. Directement sur la pelouse peut-être les quantités sont-elles adéquates, mais tout ce qui est projeté sur les trottoirs, dans la rue, dans les allées de résidences et les stationnements…. se retrouve automatiquement dans l’eau, les égouts et les cours d’eau.

Bon… à propos de cultures, il y a cette question de fertilisation ou de sur-fertilisation mais il y a les autres chimies, les pesticides de toutes sortes que l’on utilise comme herbicides, insecticides, fongicides etc…. Et c’est ce dont il est question surtout, actuellement, sur la place publique.

TROP DE PESTICIDES ?

Est-ce qu’on en utilise trop? Oui… Simplement à voir que des produits ne sont appliqués qu’à titre préventif, on peut conclure qu’on en utilise trop. Le plus bel exemple est celui des néonicotinoïdes, des substances avec lesquels on enrobe des semences pour éviter qu’elles ne soient attaquées dans le sol par des ravageurs. Sur le marché les agriculteurs ont depuis quelques années beaucoup de difficultés à trouver des semences qui ne sont pas traitées avec ces néonicotinoïdes. Pourtant il n’y a qu’une infime partie des sols où on retrouve les ravageurs, larves, parasites… susceptibles d’affecter les semences et donc les cultures et les rendements.

De simples analyses de sols peuvent permettre de déterminer si l’on devrait ou non utiliser des semences traitées.

ET n’oublions pas que les abeilles, véritables baromètres de nos écosystèmes, souffrent beaucoup de ces néonicotinoïdes. Lorsqu’il pleut, ces substances se retrouvent dans les mares d’eau dans les champs et lorsque les abeilles s’y abreuvent… elles s’affaiblissent et des milliers meurent.

LES RECETTES COMPLÈTES

Il y a aussi ce que j’appellerais les recettes complètes vendues aux agriculteurs. C’est un peu comme un mélange à gâteau… tout est dans la boîte.

On propose une semence spécifique avec rendement potentiel de X tonnes de grains à l’acre et pour avoir toutes les chances d’y arriver, il faut au moment du semis, ensuite au stade d’évolution de 3 feuilles, ensuite à telle ou telle hauteur, ensuite au moment de la formation des épis, aussi à la période où on peut penser que des insectes vont s’intéresser à la plantes, etc…. on dit qu’il faut appliquer telle quantité d’engrais et telle dose de pesticides. Et pour que la plante ait l’exclusivité d’usage du sol et des engrais, il faut tuer la végétation concurrente avec un bon herbicide. Et on peut en mettre parce que la plupart des plantes cultivées aujourd’hui sont résistantes aux agents chimiques actifs des herbicides.

Tout ça pour atteindre des rendements… en volume de grain. Mais j’ai quelques fois entendu des spécialistes dire gentiment aux agriculteurs que le rendement en tonnes est une chose mais qu’il faudrait aussi voir le rendement en argent, en revenus nets. Toutes ces chimies coûtent cher.

Et on en revient au volume de ces produits chimiques utilisés. On constate une croissance importante encore ces dernières années des ventes de tels produits et en parallèle leur présence importante dans l’eau. Donc il se perd beaucoup trop de ces chimies dans l’environnement.

Pourquoi pas plus de producteurs font le virage vers le biologique… pourquoi pas plus de producteurs adoptent des pratiques plus douces, plus respectueuses de la terre et des ressources. Encore là il faut faire attention parfois la diminution d’utilisation des carburants, ce qui est bon pour l’environnement, peut signifier le recours plus massif aux pesticides… Mais on peut sûrement, avec un peu plus de recherche, améliorer globalement la situation avec le travail minimum du sol, l’agriculture raisonnée ou la culture biologique?

Il ne faudrait surtout pas que ce soit par crainte de ne pas vendre la production car la demande est très très forte pour les produits issus de pratiques plus douces, par exemples biologiques ou obtenues sans utilisation d’Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) …

LOCAL OU IMPORTÉ…   POURQUOI PAS BIO ET LOCAL!

Les commentaires qu’ont suscités les récents reportages sur la forte utilisation de pesticides au Québec et leur présence croissante dans l’environnement ont par ailleurs glissé, sans nuance, sur la présence de tels produits dans nos fruits et légumes.

Oui, des concombres, des tomates, des poivrons montrent parfois la présence de pesticides.

Tout n’est certes pas parfait chez nous, dans nos cultures, mais la première chose à vérifier est la provenance de ces produits. Et ce n’est pas pour rien que les producteurs d’ici demandent la réciprocité des règles et des autorisations d’utilisation de certaines chimies entre le Canada et les pays avec lesquels il fait affaires pour des approvisionnements alimentaires.

Aussi… j’en reviens encore au biologique… La certification et la surveillance, chez-nous, des productions biologiques sont aujourd’hui très sérieuses et offrent des garanties quant à la qualité des végétaux issus de telles cultures.

Il y a également les productions en serres. Certains ont des doutes quant à la ¨valeur écologique¨ de ce mode de culture. Quelques données suffisent à convaincre. Il faut 30 fois moins d’eau dans une serre que dans un champ pour produire une tomate. Et le contrôle des insectes et des maladies est plus facile… le milieu étant clos, les plantes sont protégées contre bon nombre d’attaques. Et si le Gouvernement du Québec se décide à adopter une véritable politique énergétique pour la serriculture on repoussera beaucoup d’arguments défavorables à cette production.

 

Bon… j’ai été un peu long…. Ça valait la peine je pense.

Une chose est certaine…. On ne peut plus continuer sur la voie actuelle d’utilisation des pesticides.

J’y reviendrai.

 

-30-

 

 

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