Guide Alimentaire, Commentaire de Lionel Levac

Guide Alimentaire, Commentaire de Lionel Levac

Depuis deux mois, on a davantage parlé du Guide alimentaire canadien que pendant les 12 ans qui se sont écoulés depuis la publication de sa version de 2007.

Que dire de la toute dernière version du Guide alimentaire que vient de lancer Santé Canada? On pourrait par exemple s’exclamer ENFIN NOUS ALLONS BIEN MANGER! Ou peut-être devrions nous dire CESSONS DE JOUER À L’AUTRUCHE!

Lionel Levac nous fait part de son analyse quant à ce nouveau Guide alimentaire.

 

On dit de certains secteurs de notre agroalimentaire qu’ils sont victimes de ce nouveau Guide alimentaire. On a tellement entendu parler des produits laitiers et des viandes rouges. Pourtant, il y a d’autres types d’aliments et boissons que l’on doit cibler en priorité et qui sont vraisemblablement les grands responsables des principaux problèmes de santé dans notre société. Peut-être même devrions-nous concentrer les efforts à lutter contre un grand ennemi, LE SUCRE.

L’obésité qui se généralise dans notre société, je devrais dire dans les sociétés nord-américaines, est due pour beaucoup au sucre, à l’abus de sucre et probablement bien davantage que la consommation de gras saturés. D’ailleurs, des recherches récentes sont moins catégoriques qu’il y a quelques années à propos des méfaits des gras. Mais, bien sûr, et cela est vrai pour à peu près tout, il ne faut pas abuser. Et que dire du diabète qui gagne sans cesse du terrain? On ne peut oublier bien sûr aussi les maladies cardiaques.

Ce qui me fait sourire quand j’entends les commentaires sur le Guide alimentaire version 2019 est que l’on conclut souvent qu’ENFIN NOUS ALLONS BIEN MANGER. Le Guide alimentaire n’est pas une loi, il n’a rien de contraignant. Et il serait appuyé sur des mesures coercitives que leur application serait une opération. impossible.

Les seuls cas où on peut penser que le Guide sera une référence obligatoire, ou disons plutôt une référence plus systématique, sont ceux des institutions comme les écoles ou les hôpitaux, où les responsables de l’alimentation auront pour directives d’orienter le travail de leurs équipes sur la base des énoncés du document de Santé Canada. Mais, quoi de nouveau dans cela? Absolument rien! Les institutions avaient déjà pour pratique de suivre les recommandations des versions précédentes du Guide alimentaire. Est-ce à dire qu’auparavant le Guide alimentaire n’était pas bon? Absolument pas! Mais le Guide, dans la société en général, est très peu suivi.

Louise Lambert-Lagacé, réputée diététiste clinicienne, constate que le Guide alimentaire, effectivement, n’est pas suivi. Et elle ajoute que si on l’avait suivi correctement, il n’y aurait pas l’obésité que l’on retrouve dans notre société. Elle dit aussi que ce ne n’est pas le Guide alimentaire qui a fait diminuer la consommation de viande rouge. Écoutez ce qu’en dit Louise Lambert-Lagacé sur mon blogue du 18 décembre dernier.

Cela dit, le nouveau Guide alimentaire canadien sera-t-il cette fois suivi et servira-t-il vraiment à notre bonne alimentation? Santé Canada a brassé l’assiette. La moitié de notre alimentation devrait être constituée de fruits et légumes. Ces dernières années, la véritable promotion d’une plus grande consommation de fruits et légumes s’est faite par le canal de la campagne 5 à 10 portions par jour de l’Association québécoise de la distribution de fruits et légumes.

On en mange plus maintenant, mais pas encore suffisamment. Si on mange plus de fruits et légumes, on mangera vraisemblablement moins d’autres aliments. Mais, il faut tout de même des protéines. Le Guide suggère maintenant pour le quart de notre assiette quotidienne de varier les protéines et de choisir surtout des protéines végétales. On n’exclut pas la viande, mais le nouveau Guide lui enlève son espèce de « priorité » reconnue depuis toujours. Même chose pour les produits laitiers pour lesquels on dit aussi de donner préférence à ceux qui sont réduits en gras. Ces recommandations n’enlèvent absolument rien à la valeur de ces aliments.

Le choix des protéines est important, et à l’évidence, doit être diversifié, comme le rappelait récemment la diététiste et spécialiste du marketing alimentaire, Isabelle Marquis (que vous pouvez entendre sur mon blogue du 14 janvier).

Bon, que conclure à propos de ce nouveau Guide Alimentaire canadien?

 

Pour le moment, je ne vois pas comment cette nouvelle version serait soudainement plus suivie que les précédentes. Si on avait suivi en général les recommandations précédentes, il n’y aurait pas tant d’obésité, le diabète n’aurait pas augmenté en flèche et nos cardiologues seraient un peu moins occupés.

Parce qu’il est nouveau, remodelé, le Guide alimentaire réglera-t-il les grands problèmes de santé de notre société qui sont reliés à l’alimentation? Tous les énoncés faits dans le nouveau guide, même lorsqu’il s’agit de données probantes comme on le dit, ont déjà été exposés, constatés et répétés. Par exemple, dans les consultations menées par le Gouvernement du Québec pour la préparation de la Politique Bioalimentaire, tout cela a été entendu La problématique du poids, la montée fulgurante de l’obésité et du diabète, la nécessité de mieux éduquer les jeunes, l’implantation de cours et d’ateliers de cuisine, les avantages d’une saine alimentation.

Il faut bien le dire, les consommateurs ont une attitude bizarre face à l’alimentation. Cela aussi a été dit et répété, ils veulent des aliments sains, naturels, de sources locales, sans chimie, pesticides ou OGM. Ils le disent chaque fois dans les sondages. Cependant, au moment de faire l’épicerie, ce qui se retrouve dans le panier ne correspond pas aux réponses données.

Au moins deux choses seront difficiles à changer. Premièrement l’habitude de choisir un aliment en fonction de son prix et, en pleine contradiction avec ce premier constat, l’habitude de manger des mets préparés, des plats tous prêts, réputés pour être gras, salés ou sucrés, choisis à l’épicerie ou achetés au restaurant, et qui coûtent beaucoup plus cher que tout ce que l’on pourrait cuisiner à la maison.

Je suis convaincu qu’en éliminant beaucoup de ces choix douteux, mais, souvent bien ancré dans les habitudes alimentaires, on pourrait sans aucun problème continuer de manger de bonnes portions de viande et de produits laitiers qui ont au moins l’avantage d’être des aliments peu transformés et qui sont, source de protéines.

À propos de l’environnement, qui maintenant préoccupe aussi Santé Canada, lorsqu’il est question d’alimentation, ma vision très locale au premier regard permettrait assurément une contribution tout de même importante à l’amélioration générale de la santé de la planète. La production bovine est peut-être la plus polluante, mais, si on consomme de la viande produite et préparée localement, on aura réduit considérablement les émissions de gaz à effet de serre. Une bonne part de la pollution est due au transport des animaux vers des abattoirs à l’extérieur du Québec, voire du Canada et au transport sur des centaines de kilomètres. Si on abandonne nos achats de bœuf élevé dans l’Ouest, on compensera toute la pollution due au transport en produisant ici la viande en question, selon des règles de plus en plus strictes de protection des milieux et des ressources comme l’eau et bien sûr, en abattant les animaux en question sur notre territoire.

Évidemment l’assiette doit être complète, alors oui, ajoutons à cela des grains, des noix et beaucoup de fruits et légumes.

En terminant, même si je pourrais en parler encore longtemps, il y a autre chose que l’on entend depuis des années, chaque fois qu’un organisme se préoccupe publiquement d’alimentation. Ce n’est pas le Guide alimentaire qui l’invente. Pour vivre en santé, il faut une alimentation saine et variée, éviter les abus de toutes sortes, il faut bouger, faire de l’exercice, être heureux pour mieux contrôler les pulsions alimentaires et partager les repas et même de façon plus large, partager la ressource alimentaire.

Guide Alimentaire, Commentaire de Lionel Levac

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