Justin Trudeau a joué de prudence pendant la campagne électorale en disant simplement qu’il faudrait voir à ce que le Traité de Partenariat Trans Pacifique soit bénéfique pour l’économie du pays.
Malgré les inquiétudes à propos de la Gestion de l’Offre dans le secteur agricole, Justin Trudeau n’a jamais dit qu’il déchirerait le traité. De toute façon il ne l’aurait pas fait. Thomas Mulcair ne l’aurait pas fait non plus.
Soyons réaliste, il est impensable qu’un pays comme le Canada ne soit pas partie prenante d’un accord comme celui du PTP. De la même façon il était normal que le Canada cherche et réussisse à s’entendre avec l’Union Européenne pour faciliter les échanges commerciaux.
Cela dit, il ne faut pas que de tels accords viennent tout détruire. Les politiques, les mécanismes de soutien et de protection doivent pouvoir continuer à jouer, sinon leur plein rôle, au moins un certain rôle. Bien sûr, je pense ici à la Gestion de l’Offre. On pourrait penser, et cela est souhaitable à mon avis, rafraichir le système. Cette modernisation ne devrait cependant pas elle non plus dévier la Gestion de l’Offre de son rôle premier de garantir de la stabilité et assurer de la sécurité. Il y a des choses à faire, des ouvertures pensables, qui seraient faites selon les règles et… à livre ouvert
Bien, justement, la première chose que devrait faire le nouveau Gouvernement libéral de Justin Trudeau est un bon ménage dans les importations de substances laitières. Se battre contre des cibles connues, identifiées, visibles est plus facile. On continuera au Canada à importer de ces substances laitières mais il faut que dorénavant on le fasse selon les règles. La première règle que devrait appliquer les autorités fédérales est le respect des volumes autorisés de ces importations.
Pierre Paradis, le Ministre québécois de l’Agriculture le dit lui-même sur le Blogue (Entrevue toujours en ligne) . Il faut mettre fin au laxisme aux frontières. Peut-être était-ce là une partie d’une stratégie pour amener la gestion de l’offre à s’effriter toujours davantage? Mais peu importe, la pratique doit être mieux encadrée. Si on importe des substances laitières qui viennent réduire la demande interne de lait, qu’on le fasse selon les règles, la principale étant le respect des volumes autorisés.
Bon, Justin Trudeau a bien des chats à fouetter mais il faudra qu’il se penche là-dessus et qu’il mandate ses Ministres de l’Agriculture et du Commerce pour lever le voile (sans allusion) sur les importations camouflées.
Et toujours à propos d’agriculture, il faudra que le Premier Ministre libéral insuffle une nouvelle aire … Son futur Ministre de l’Agriculture ne devra pas avoir peur de venir au Québec… les agriculteurs devront pouvoir renouer avec les milieux de la recherche, des travaux importants ont été mis de côté ces dernières années dans la foulée des fermetures de stations fédérales…. la venue de travailleurs étrangers saisonniers devra être plus facile, des centaines d’entreprises ayant subi depuis quelques années des pertes importantes en raison des difficultés d’entrée de cette main d’œuvre….. la saignée des budgets devra s’arrêter, tout particulièrement de façon à ce que les transferts vers Québec puisse soutenir des programmes d’innovation et d’environnement…. les compensations aux fromagers devront venir vite, plus vite que ce que Stephen Harper annonçait, car il faut que les fromagers aient les moyens de bien se préparer à faire face à une plus vive concurrence. Des compensations après des pertes risqueraient de simplement prolonger l’agonie… alors qu’il faut plutôt renforcer les entreprises… et il faut aussi tout mettre en place pour soutenir les secteurs de production comme le porc et le bovin, diverses productions fruitières et maraîchères de façon à ce qu’ils bénéficient pleinement des marchés que semblent confirmer les nouveaux accords de commerce.
IMMIGRATION… QUI A PEUR?
J’ai en mémoire quelques reportages diffusés pendant la campagne électorale fédérale et dans lesquels des agriculteurs du Québec se disaient inquiets face à l’immigration, face à l’arrivée éventuelle dans leur région de familles fuyant la Syrie ou d’autres pays de cette zone de la planète aux prises avec des problèmes sans commune mesure avec ceux que nous rencontrons ici.
Bien sûr, il faut faire notre part, accueillir de ces gens… mais il faut le faire correctement, leur ouvrir non seulement notre territoire, mais aussi notre marché du travail.
J’en vois déjà qui lèvent la main et disent déjà qu’ils vont venir ¨voler nos jobs¨. Quelle blague… Aller faire le décompte des immigrants récents qui travaillent actuellement dans les usines d’Olymel… particulièrement celle de Valley Jonction en Beauce. Essayez donc de dénombrer également les immigrants qui travaillent sur des fermes où ils sont dans certains cas devenus de véritables contremaîtres de confiance.
Entendre des protestations et des inquiétudes face aux immigrants amène chez moi une autre réflexion… Avez-vous pris connaissance de la liste des grands gagnants du Mérite Agricole québécois 2015….. Ils ont pour noms…. Haeck , Van Winden , Hotte, Karl et Zumstein… et ils sont devenus des forces de notre agriculture.
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